Nom : Inconnu.
Surnom : "Jack l'Éventreur", mais aussi "Tablier de Cuir", "La Terreur Rouge" et "L'assassin de Whitechapel. Né le: inconnu, mais il devait avoir entre 25 et 40 ans au moment des meurtres Mort le : Inconnu |
Le premier meurtre "officiel" de l’Éventreur fut commis quelques semaines plus tard.
Le 31 août 1888, un ouvrier nommé Charles Cross marchait dans le quartier de Whitechapel peu avant 4h du matin. Il faisait très sombre, le temps était froid et humide, et le coin était quasiment désert. Dans une ruelle, Buck's Row, Cross aperçut quelque chose ressemblant à une bâche étendue sur le sol, devant une cour. Intrigué, il s’approcha et réalisa que c’était en fait une femme, dont la robe était relevée jusqu’à la taille. Il pensa que la femme était saoul ou avait été agressée mais il n’y voyait pas grand chose. Comme un autre homme passait par-là, il lui demanda de l’aider à la remettre debout mais ils n’y parvinrent pas. Craignant qu’elle ne soit morte, ils rabaissèrent sa robe sur elle, par pudeur, puis cherchèrent un policier. Il en trouvèrent un, John Neil, qui faisait sa ronde. Il éclaira la femme de sa lanterne et vu qu’elle avait été égorgée, presque décapitée. Ses yeux étaient grands ouverts. Ses mains étaient froides mais ses bras étaient encore chauds. Elle avait été tuée peu de temps auparavant. Neil appela un autre policier qui chercha un médecin dans les environs. |
Scotland Yard confia la responsabilité de l’enquête à l’Inspecteur principal Donald Swanson. Il dépêcha sur les lieux un inspecteur
de 45 ans, Frederick George Abberline, qui travaillait depuis 25 ans dans la police et connaissait très bien Whitechapel. Il n’y avait
aucun témoin, aucune arme, aucun indice. Aucun des résidents de la rue n’avait entendu de bruit et aucun des hommes qui travaillaient
dans le coin n’avaient remarqué quoi que ce soit d’inhabituel. Bien que "Polly" ait été découverte peu après sa mort, aucun véhicule
ou "étranger" n’avait été vu fuyant la scène du crime. On soupçonna un moment trois équarrisseurs de chevaux qui travaillaient non loin,
mais il fut rapidement prouvé qu’ils n’y étaient pour rien.
|
|
|
On demanda au préfet de Police, Sir Charles Warren, d’offrir une récompense pour la découverte de
l’identité du criminel. Mais son supérieur, le ministre de l’Intérieur, Henry Matthews, n’avait aucune idée – à ce moment-là – de
l’ampleur du problème et refusa de proposer cette récompense. Il affirma qu’il faisait confiance à la Police pour appréhender le
tueur…
Alors que la police cherchait l’assassin de Polly Nichols, une rumeur commença à courir au sujet d’un homme dénommé "Tablier de Cuir", qui avait volé plusieurs prostituées sous la menace d’un couteau. The Star affirma que cet homme était un fourreur Juif d’environ 40 ans, portant un chapeau noir et une petite moustache. Les nouveaux venus, les étrangers, les Juifs étaient évidemment les premiers visés par les rumeurs, car "aucun Anglais n'est capable d'un acte aussi barbare"… |
|
|
Dix-sept personnes habitaient là, dont 5 possédaient des chambres avec vue sur la scène du crime.
Et certains avaient laissé leur fenêtre ouverte. Le marché de Spitalfields ouvrait à 5h du matin et beaucoup de gens y étaient présents
avant cette heure afin de préparer leurs étalages. Certains résidents du 29 Hanbury Street quittaient leur logement à 3h50 du matin pour
aller travailler. Les rues autour du marché étaient remplies de véhicules commerciaux qui livraient leurs marchandises au marché.
Toutefois, bien que le soleil se soit levé à 5h23 ce matin-là et que tant de personnes aient été présentes à cette heure matinale, personne n’avait entendu de bruit suspect, ni de cris, et personne n’avait vu qui que ce soit avec du sang sur ses vêtements ou un couteau à la main. Il y avait un baquet d’eau clair près de l’endroit où la femme avait été trouvée, mais le meurtrier ne l’avait pas utilisé pour se laver les mains ou nettoyer son arme. Le risque qu’il avait pris, à tuer en plein jour, avec tout ce monde, était incroyable. Et pourtant, personne n’avait rien vu. La femme fut rapidement identifiée comme étant Annie Chapman, que ses amis appelait “Annie la Sombre” (Dark Annie). Elle avait 47 ans, était prostituée, sans logis, dormait dans les asiles de nuit lorsqu’elle avait assez d’argent ou errait dans les rues à la recherche de clients qui lui donneraient quelques pièces pour se nourrir et se loger. |
Le 30 septembre 1888, Louis Diemschutz, un commerçant russe juif, rentrait au Club International
pour l’Education des Travailleurs (IWMC – un club principalement composé de juifs socialistes d’Europe de l’est), sur Berner Street,
après avoir travaillé tard. Il était 1h du matin et, dans l’obscurité, il aperçut une masse allongée dans la cour d’entrée du Club, la
Dutsfield's Yard. Il alluma une allumette et réalisa que c’était une femme. Diemschutz se précipita à l’intérieur du club et demanda à un
jeune membre de l’aider. Ils ressortirent dans la cour et virent que la femme était couverte de sang. Affolés, ils appelèrent la police.
Quelques minutes plus tard, le policier Henry Lamb arriva avec un collègue. Le visage de la femme était encore tiède mais elle était morte. Il semblait qu’elle ne s’était pas battue avec son agresseur et ses vêtements n’étaient pas relevés. Le collègue de Lamb alla chercher un médecin et revint avec le docteur Frederick Blackwell. Ce dernier remarqua que la femme était allongée sur le côté, les jambes tendues. Son corps était encore tiède, excepté ses mains : elle était morte peu de temps auparavant. Sa main gauche tenait encore un petit paquet de noix de cajous et elle portait une écharpe. Son cou avait été coupé d’un côté à l’autre, profondément. Le docteur Phillips, médecin de la police, arriva rapidement. Blackwell et lui estimèrent l’heure de la mort entre 00h36 et 00h56… |
|
"25 Sept 1888
Cher patron, Je continue d’entendre que la police m’a attrapé mais ils ne vont pas m’arrêter de si tôt. J’ai rit lorsqu’ils prit un air intelligent et ont affirmé être sur la bonne piste. Cette blague concernant Tablier de Cuir m’a vraiment fait rire. Je cherche des putains et je n’arrêterai pas de les mettre en pièces jusqu’à ce que je sois bouclé. Beau travail que mon dernier boulot. Je n’ai pas laissé à la dame le temps de couiner. Comment pourraient-ils m’attraper maintenant. J’aime mon travail et je veux recommencer. Vous allez bientôt entendre parler de moi avec mes petits jeux amusants. J’ai gardé quelques trucs rouges convenables dans une bouteille de bière au gingembre de mon dernier travail pour écrire mais c’est devenu épais comme de la colle et je ne peux pas l’utiliser. L’encre rouge convient assez j’espère ha ha. Le prochain boulot que je ferai je couperai l’oreille de la dame et l'enverrai aux officiers de Police juste pour s’amuser, n’est-ce pas. Gardez cette lettre jusqu’à ce que j’en fasse plus puis donnez- la. Mon couteau est si beau et acéré que je veux me remettre au travail immédiatement si j’en ai la chance. Bonne chance. Votre dévoué Jack l’Éventreur Je m'excuse si je donne mon nom de plume." |
|
Sur la même lettre, écrit horizontalement :
"n’était pas assez bon pour que je la poste avant que j’ai enlevé toute l’encre rouge de mes mains maudite soit-elle. Pas de chance. Ils Disent que je suis un docteur. Maintenant ha ha".
L’éditeur considéra que la lettre était un faux et ne l’envoya pas à la police avant plusieurs jours. Le lundi qui suivit le double meurtre, la Central News Agency reçu une autre lettre, postée du 1er octobre, et portant la même écriture.
“Je n’étais pas lubrique cher vieux patron lorsque je vous ai donné ce tuyau. Vous entendrez parler du travail effronté
de Jacky demain double événement cette fois numéro un a crié un peu n’ai pas pu terminer tout de suite. N’ai pas eu le temps de
prendre les oreilles pour la police merci d’avoir gardé la dernière lettre jusqu’à ce que je recommence à travailler.
Jack l’Éventreur " |
|
La police fit circuler les lettres dans ses services et en placarda des fac-similés sur les murs de chaque commissariat de police au cas où quelqu’un pourrait reconnaître l’écriture. Mais rien d’intéressant n’en résultat.
La 3ème lettre importante fut envoyée le 16 octobre à George Lusk, le dirigeant du Comité de Vigilance de Mile End.
La lettre fut envoyée avec un morceau de rein humain. Lusk en fut bouleversé. L’un des membres du comité affirma qu’il devait s’agir d’un rein d’animal préservé dans du vin et ils l’apportèrent au Docteur Thomas Openshaw, du London Hospital, afin qu’il l’examine. On publia tout et n’importe quoi sur ce que dit le Dr Openshaw, et qu’il nia par la suite. Ce dont on peut être sûr est que le Dr Openshaw établit que le rein était celui d’un être humain adulte, qui avait été préservé dans de l’alcool de vin plutôt que du formol. Il est possible que ce rein ait été
atteint de la maladie de Bright (ou "néphrite"), mais les avis des médecins étaient partagés.
La lettre accompagnant le rein n’avait pas été écrite par l’auteur des deux lettres signées Jack l’Éventreur.
Elle comportait de nombreuses fautes d'orthographes.
"De l’enfer,
Monsieur Lusk Monsieur (Sor) Je vous envoie la moitié du rein (kidne) que j’ai pris à une femme prasarvé (prasarved) pour vous l’autre (tother) morceau je l’ai frit et mangé c’était très bon (nise) je vous enverrai peut-être le couteau (knif) ensanglanté qui l’a enlevé si vous attendez (wate) un peu (a whil) plus longtemps. Signé Attrapez-moi quand vous pourrez Monsieur (Mishter) Lusk |
|
L’une des ces lettres a-t-elle été envoyée par le véritable tueur ? Les spécialistes et les chercheurs (les "ripperologues") considèrent souvent que les deux premières lettres sont des faux, bien qu’elles présentent des informations que seul l’assassin devait connaître.
L’auteur de la lettre dit qu’il enverra des oreilles à la police mais le tueur ne l’a jamais fait. Le lobe de l’oreille de Kate Eddowes était coupé, mais sûrement par un coup de couteau visant le visage. Vu les mutilations qu’il a pu accomplir, le tueur aurait eu largement le temps de lui couper les oreilles s’il en avait eu l’envie.
La prévision des deux meurtres durant la même nuit a été présenté comme une preuve que ces lettres étaient authentiques. Toutefois, la lettre a été postée le matin du 1er octobre (le timbrage l'indique), alors que tous l’est de Londres bourdonnait déjà de la découverte du double meurtre. Tout le monde était au courant dès le dimanche et en parlait. Ce n’était donc pas une prévision.
L’auteur des deux lettres affirme également que Liz Stride a crié mais seul un des nombreux témoins a affirmé avoir entendu une femme crier. Les autres témoins n’ont rien entendu de toute la nuit.
Déjà à l'époque, Scotland Yard pensait que cette lettre avait été écrite par "un journaliste trop imaginatif". L'enveloppe de la première lettre était timbrée "London EC", des districts de Gray's Inn Road et Fleet Street, siège de la très grande majorité des journaux.
Par la suite, les hauts gradés de la police affirmèrent catégoriquement que ces deux lettres étaient l'oeuvre d'un journaliste.
La lettre adressée à Monsieur Lusk semble plus plausible. Le Dr Brown, lors de l'autopsie de Catharine Eddowes, indiqua que son rein encore présent était "pâles, exsangue, avec une légère congestion à la base des pyramides", ce qui décrit les symptômes de la maladie de Bright. Kate Eddows en souffrait vraisemblablement.
Il est possible que la troisième lettre ait véritablement été écrite par l’Éventreur et que le rein ait appartenu à Kate Eddows, mais on ne peut absolument pas le prouver de nos jours.
La peur s’intensifia dans l’East End et durant la semaine qui suivit le double meurtre, les rues de Whitechapel furent quasiment désertées à la tombée de la nuit. De nombreuses prostituées évitèrent de rester dehors, autant qu’elles le pouvaient, se logeant dans des asiles de pauvres ou dans leur famille. Les Londoniens évitaient le quartier et les commerçants virent peu de clients.
Et pourtant, les rues étaient en général plus sûres qu’elles ne l’avaient été car tout le monde était en état d’alerte et de nombreux policiers, en civil ou en uniforme, patrouillaient jour et nuit. De plus, le Comité de Vigilance de Mile End employait des hommes, équipés de sifflet et de gourdin, pour sillonner les rues après minuit.
Un policier s’habilla même en femme et se fit passer pour une prostituée, essayant d’attirer le tueur. Il s’attira surtout les quolibets des habitants du quartier…
La police visita les asiles de nuit et interrogea plus de 2000 logeurs. Plus de 80 000 prospectus furent imprimés et distribués, demandant à d’éventuels témoins du double meurtre de s’adresser au poste de police le plus proche. 76 bouchers et équarrisseurs furent interrogés, ainsi que leurs employés. La police interrogea aussi les marins qui travaillaient sur la Tamise. Des chiens policiers furent déployés dans le quartier mais on ne possédait pas d’objet ayant appartenu au tueur que les chiens auraient pu renifler. Et les odeurs putrides de Whitechapel perturbèrent leur odorat…
Peu à peu, la vie reprit son cours normal dans l'East End. Il n’y eut pas de meurtre durant un mois et, bien que les journaux continuèrent à publier de nombreux articles sur
l'Éventreur, les prostituées redescendirent dans les rues.
Le vendredi 9 novembre 1888, Londres fêtait le Lord Mayor's Show, une manifestation importante durant laquelle le futur maire prenait place dans son bureau, avec or et apparats. Les gens étaient nombreux dans les rues et le commerçant John McCarthy, qui louait des chambres dans Dorset Street, au sud de Spitalfield Market, était surpris de ne pas voir l'une de ses locataires, Mary Kelly.
Il envoya son apprenti, Thomas Bowyer, pour qu’il collecte l'arriéré de loyer que Kelly lui devait. Personne ne répondit lorsqu’il frappa à la porte, qui était verrouillée, et Bowyer jeta un œil par un carreau de fenêtre brisé. Il aperçu un corps ensanglanté sur le lit. Affolé, il couru voir McCarthy, qui appela immédiatement le policier local.
L'inspecteur Beck parlait avec un officier de police, WALTer Dew, et ils se rendirent tous deux au 13 Miller's Court. Ils regardèrent par la fenêtre et, dans la semi-obscurité, ils aperçurent un corps affreusement mutilé.
Beck prévint son supérieur, qui arriva rapidement sur les lieux et fit mander le médecin de la police, le Dr George Bagster Phillips. L'inspecteur Abberline arriva peu après. Ils attendirent que le préfêt de police, Sir Charles Warren, arriva à son tour, mais celui-ci venait juste de démissionner.
Ils ouvrirent la porte et pénétrèrent dans une petite chambre à peine meublée.
Le corps de la jeune Mary Kelly était allongé sur le lit, les jambes écartées, le corps en charpie. Elle avait été égorgée, le tueur avait coupé sa carotide. Les mutilations avaient eu lieu après sa mort. Mary Kelly était nue. Son abdomen et l’intérieur de ses cuisses avaient été enlevés et la cavité abdominale avait été vidée de ses viscères, qui avaient été posées tout autour du corps. Les seins avaient été coupés, les bras et le visage déchiquetés. La férocité de ce meurtre horrifia le docteur Phillips, pourtant expérimenté.
L'autopsie fut menée par le Docteur Bond, en présence des Docteurs Phillips et Brown. Alors qu’ils tentaient de reconstituer le corps de Mary Kelly, ils réalisèrent que le tueur avait emmené son cœur avec lui. Les médecins affirmèrent que les mutilations avaient été effectuées avec un couteau très aiguisé, d’environ 15 cm de long.
Le Dr Phillips estima que Mary Kelly avait du être assassinée entre 5 et 6 heures du matin.
Mary Kelly était une Irlandaise de 25 ans, un peu ronde, qui se prostituait occasionnellement avec deux ou trois amies, souvent bien vêtue. Au moment de son décès, elle n’avait plus payé son loyer depuis plusieurs semaines et son amant, Joe Barnett, était au chômage. Elle avait donc du retourner à la prostitution pour survivre. Les gens la décrivaient comme une jeune femme grande et belle, gentille avec tout le monde. Une amie ajouta qu’elle devenait grossière lorsqu’elle était saoule, mais qu’elle était adorable et honnête lorsqu’elle était sobre.
Le meurtre de Mary Kelly engendra la panique dans les rues de Whitechapel, qui furent de nouveau désertées la nuit.
La police travailla d’arrache pied. Chaque piste fut suivie, chaque suspect fut longuement interrogé. Mais les enquêteurs n’obtinrent aucun résultat probant et furent fortement critiqués.
La reine Victoria, elle-même, était furieuse. Elle ordonna au Premier Ministre de doter chaque rue d’un éclairage publique et d’améliorer la formation des policiers.
Le Times fut plus compréhensif. Il expliqua que les meurtres étaient accomplis avec une "perfection qui déroutent les enquêteurs". Aucun indice probant n’était laissé par le tueur et aucun mobile rationnel ne pouvait être trouvé pour ces meurtres horribles.
La police trouva plusieurs témoins intéressants, dont George Hutchinson, un ouvrier au chômage qui connaissait Mary Kelly. Il l’avait rencontré vers 2h du matin, et elle lui avait demandé de l’argent. Mais il n’en avait pas et elle s’était éloignée pour aller discuter avec un autre homme. Ce dernier portait un chapeau de feutre mou et avait passé son bras autour des épaules de Mary Kelly. Ils étaient tous deux repartis dans l’autre sens et Hutchinson avait croisé le regard de l'homme. Il les avait suivis discrètement alors qu’ils revenaient vers Miller's Court en discutant. Marry Kelly avait invité l’homme à l’intérieur et il l’avait embrassée. Ils étaient entrés dans la chambre de Mary Kelly. Hutchinson les avait attendus ¾ d’heure mais, ne les voyant plus ressortir, il était parti.
Selon Hutchinson, l’homme avait 35 ans, mesurait environ 1m70, était pale, avait des cheveux noirs et une petite moustache bouclée aux deux extrémités. Il portait un long manteau sombre avec un col en astrakan, un costume sombre, des bottines à boutons et une cravate sombre avec une épingle en forme de fer à cheval. Il avait une apparence respectable mais "on aurait dit un étranger" (un Juif). Il tenait dans ses mains un paquet d'une vingtaine de centimètres de long.
D’autres personnes avaient vu Mary la nuit de sa mort et, entre 3h30 et 4 heures du matin, trois femmes habitants Millers' Court avaient entendu quelqu’un s'écrier "Au meurtre !". Mais ce genre d’appel était si courant dans le quartier qu’elles n’y avait pas vraiment prêté attention.
L’inspecteur Abberline cru le récit d’Hutchinson mais se demanda pourquoi il avait "surveillé" Mary Kelly et son probable assassin. Hutchinson expliqua qu’il connaissait Mary depuis des années et lui avait plusieurs fois prêté de l’argent. Il l’appréciait-il et s’inquiétait de ce qui pouvait lui arriver. Il est plus probable, en fait, qu’il attendait qu’elle en ait fini avec ce client et espérait bénéficier de ses faveurs… Deux policiers parcoururent le quartier avec Hutchinson, dans l’espoir qu’il reconnaîtrait le client, sans résultat.
Le lendemain du meurtre, le ministre de l'Intérieur, Henry Matthews, proposa un "pardon officiel pour tout complice n'ayant pas personnellement commis ou participé à un meurtre" et qui dénoncerait l'Eventreur. Cette mesure semble avoir été une manoeuvre purement politique car la police pensait déjà que le tueur n'avait aucun complice.
Avec l’arrivée de l’hiver, l’activité de la police se ralentit. Tous les suspects avaient été interrogés et toutes les pistes avaient abouti à une impasse. Jack l’Éventreur ne fit plus parler de lui…
Toutefois, deux meurtres similaires à ceux de l’assassin peuvent attirer l’attention.
Le premier fut celui d’Alice McKenzie, une prostituée de 40 ans qui fut trouvée morte en juillet 1889. Elle avait été égorgée et sa carotide était tranchée. Son abdomen avait été mutilé mais les blessures étaient de nature différente de celles accomplies par l’Éventreur. Les Dr Bond et Phillips ne parvinrent pas à s’accorder pour savoir si elle avait été tuée ou non par l’Éventreur.
En février 1891, une prostituée de 26 ans nommée Frances Coles fut découverte morte, la gorge tranchée. Le Dr Phillips ne pensa pas que l’Éventreur fut son assassin et les soupçons se portèrent sur un marin avec qui elle s’était querellée. La police n’obtint toutefois pas assez de preuves pour l’inculper.
Il existe de nombreuses théories sur l’identité de Jack l’Éventreur.
D’après les dires enquêteurs et des divers témoins, mais aussi d’après les techniques de profiling modernes, on peut dire que l’Éventreur était un homme blanc, de taille moyenne, sans doute brun, qui avait entre 25 et 35 ans en 1888, qui pouvait être un ouvrier (mais qui s'habillait bien lorsqu'il voulait tuer), qui vivait à Whitechapel, qui avait sûrement un emploi régulier (les meurtres n’ont eu lieu que les week-ends) et qui était sûrement célibataire (il sortait tard la nuit). Il se peut qu’il ait été solitaire, discret et peu intégré à la société.
A l’époque, Whitechapel baignait dans l’antisémitisme et l’on accusait souvent un "étranger" (donc un Juif) d’être le tueur. D’autres on pensé qu’un "gentleman britannique" ne serait jamais capable de telles horreurs et que l’Éventreur devait être Américain. Les auteurs et les rumeurs ont également pointé du doit des Russes, des communistes, des Français, des asiatiques, des marins, des médecins, des militaires, etc, selon les haines et les convictions du moment…
Depuis un siècle, de nombreux livres ont été écrits, qui assurent avoir découvert la véritable identité de l’Éventreur. Souvent, leurs auteurs présentent des preuves qui s’ajustent à leur théorie, tout en dénigrant ou ignorant les faits qui ne corroborent par cette théorie…
Le nombre de suspects est élevé, il n’en existe aucun qui soit totalement convaincant et il y a peu de chance que l’on connaisse jamais la véritable identité de l’assassin.
Certains suspects ont attiré l’attention plus que d’autres, souvent à cause de leur célébrité.
L’une des théories les plus connues (et les plus populaires) est celle de la conspiration royale : le Prince Albert Victor, surnommé Eddy, était le petit-fils de la reine Victoria et en ligne directe vers le trône du Royaume-Uni. Son père devint par la suite le roi Edouard VII. Si "Eddy" avait vécu plus longtemps (il est décédé à 28 ans), il serait devenu roi à son tour.
La théorie est la suivante : Albert Victor aimait fréquenter les rues de Whitechapel, où il rencontra une jeune femme nommée Annie Crook, qu’il installa dans une garçonnière. Elle tomba enceinte et, selon certaines versions, épousa secrètement le prince lors d’un mariage Catholique (les Rois britanniques étant "anglicans"). D’autres versions racontent que l’enfant fut illégitime.
Épouser une Catholique d’un niveau social très bas était inacceptable pour un futur roi et le vent du scandale parvint jusqu’à sa grand-mère la reine, qui insista pour que le problème soit "résolu". Le Premier Ministre confia cette mission au médecin de la reine, le Dr Gull.
Sir Melville Macnaghten succéda à Sir Charles Warren comme préfet de la Metropolitan Police, après que les meurtres de l’Éventreur aient officiellement cessé. Toutefois, l’enquête continua jusqu’en 1892 et Macnaghten avait accès aux dossiers de police. Son rapport final explique pourquoi, à son avis, les meurtres ont cessé après celui de Mary Kelly. Le tueur, après ce dernier meurtre abominable, aurait "perdu l’esprit" et se serait suicidé, ou, sous la pression de sa famille, aurait été enfermé dans un asile.
Macnaghten proposa trois suspects qui auraient pu être Jack l’Eventreur:
- Montague John Druitt, un médecin de bonne famille, qui disparut peu après le meurtre de Mary Kelly et dont le corps (qui serait resté près d'un mois dans l'eau) fut découvert dans la Tamise le 31 décembre 1888, sept semaines après le meurtre. Il était sexuellement aliéné (sic) et, d’après des informations privées que je possède, je sais que sa propre famille croyait qu’il était l’assassin.
- Aaron Kosminski, un Juif polonais et résident de Whitechapel. Cet homme est devenu fou suite à de trop nombreuses années de vices solitaires (onanisme). Il avait une grande haine des femmes, en particulier des prostituées, et avait de fortes tendances homicides. Il a été envoyé dans un asile d’aliénés en mars 1889. Il existe de nombreuses circonstances reliées à cet homme qui en font un suspect sérieux.
- Michael Ostrog, un docteur Russe, et un prisonnier, qui fut par la suite détenu dans un asile d’aliénés comme maniaque homicide. Les antécédents de cet homme étaient du pire type possible et on ne put jamais savoir où il était au moment des meurtres".
L’inspecteur en chef Abberline n’était pas d’accord avec Macnaghten concernant ces trois suspects. En 1903, il affirma : "Vous pouvez dire carrément que Scotland Yard n’est vraiment pas plus instruit sur le sujet qu’il ne l’était il y a 15 ans".
Toutefois, l'Inspecteur Abberline avait lui-aussi son "suspect préféré", un dénommé G "suspect préféré", un dénommé G1903 pour avoir empoisonné son épouse.
Un suspect est apparu dans le livre de Evans et Gainey, en 1995, “Jack the Ripper : First American Serial Killer" : Francis Tumblety. Il a été cité dans un courier de l'inspecteur en chef Littlechild à un journaliste, en 1923. Il était Américain et sa famille s’installa à Rochester, aux Etats-Unis en 1849.
En 1992, un dénommé Michael Barret, ferrailleur de Liverpool, annonça publiquement qu’il avait découvert un journal intime écrit par un courtier en coton nommé James Maybrick, décédé en 1889. Dans ce journal, Maybrick affirmait être Jack l’Éventreur. Barrett affirma qu’un de ses amis, Tony Devereux lui avait donné ce journal, mais Devereux, décédé, ne lui avait pas expliqué comment il se l’était procuré.
On s’était toujours demandé pourquoi les meurtres de l’Éventreur avaient soudainement commencé en août 1888 et avaient cessé tout aussi brutalement en novembre de la même année. Le journal intime de Maybrick offrait soi-disant la réponse, car ce dernier était mort en mai 1889…
On (Abberline, entre autre) a suggéré que l’Éventreur a pu être une sage-femme qui aurait mutilé les 5 victimes afin de maquiller des décès provoqués par un avortement clandestin. Les "ripperlologues" l'ont surnommée
"Jill l’Eventreuse".
Mais il existe de nombreuses objections à cette théorie, notamment le fait qu’aucune des victimes n’était enceinte lorsqu’elles ont été assassinées. De plus, aucune femme tueuse en série n’a jamais accompli de mutilations sadiques.
Le Dr Roslyn D’Onston Stephenson ou Robert Donston Stephenson était un journaliste et un ivrogne féru d’occultisme. L’auteur Melvin Harris l’a désigné en 1987 comme tueur potentiel en arguant du fait que les meurtres de l’Éventreur avaient été commis lors d’un rituel d’initiation (un pentagramme possède 5 pointes, comme 5 victimes). Stephenson, imbu de lui-même, avait été renvoyé de plusieurs emplois. Il était fasciné par la magie noire et s’intéressait beaucoup aux crimes de l’Éventreur. Il avait 47 ans en 1888. Il fut suspecté par ses amis, associés du sataniste Aleister Crowley, car il leur avait expliqué en détail comment l’Éventreur assassinait ses victimes. Le problème étant que ses descriptions étaient tout à fait erronées. Il n’existe aucune preuve tangible le reliant aux crimes de l’Éventreur.
L’auteur Michael Harrison a affirmé que James Kenneth Stephen, tuteur du Prince Albert Victor, était Jack l’Eventreur parce qu’il détestait les femmes et était peut-être homosexuel. Harrison soutient que Stephen vouait un amour passionné au Prince Albert et que ses meurtres auraient été une sorte de rituel sanglant, une vengeance après une rupture avec le Prince. Ce mobile est difficile à admettre. Stephen a eu un accident en 1887 qui a provoqué de graves lésions cérébrales et l’a laissé à demi invalide. Il est mort dans un asile d’aliénés en 1892. Il n’existe aucune preuve contre lui.
Le Dr Thomas Neil Cream était un tueur en série, il a empoisonné 8 femmes en Angleterre et en Europe, dont 4 prostituées Londoniennes. Mais son seul lien avec l’Éventreur est qu’il a crié « Je suis Jack l’… » juste avant d’être pendu, en 1892. En fait, il était emprisonné aux
États-Unis lors des meurtres de 1888 et est resté en prison jusqu’en juillet 1891.
Le Dr Alexander Pedachenko, un chirurgien, soi-disant ex-membre des services secret russe, pratiqua la médecine à Glasgow avant de s’installer à Londres au milieu des années 1880. Selon l’auteur Donald McCormick, en 1888, la police secrète russe considérait Pedachenko comme "le plus grand et le plus audacieux de tous les criminels déments russes". McCormick, reprenant la théorie d’un journaliste Britannique du 19ème siècle, William Le Queux, affirmait que Pedachenko et deux serviteurs auraient commis les meurtres de l’Éventreur avec la volonté politique d’embarrasser Scotland Yard, afin de les punir d’avoir "choyé" des exilés russes dissidents. Théorie passionnante, mais il n’existe aucune preuve pour l’étayer, surtout lorsque l’on sait que les documents cités par Le Queux et McCormick pour étayer cette théorie sont inexistants ou introuvables.
Un autre suspect a été désigné pour la première fois en 1976 par Stephen Knight (Jack the Ripper: The Final Solution), au beau milieu de la théorie de la conspiration royale du Prince Albert Victor : WALTer Sickert, un peintre impressionniste Britannique, très célèbre en son temps. Il aurait donné des cours de peinture au Prince et c’est grâce à lui que le Prince aurait rencontré Annie Elizabeth Crook, alors qu’elle posait pour lui. Stephen Knight expliqua qu’il tenait cette histoire du fils illégitime de Sickert, Joseph Sickert. Ce dernier, interrogé en 1978, admit avoir inventé cette histoire "pour plaisanter". Joseph Sickert a également prétendu être le petit-fils du Prince Albert Victor et avoir été pourchassé par
l'Éventreur du Yorkshire, Peter Sutcliffe...
En 1990, Sickert est réapparu dans le livre de Jean Overton Fuller (Sickert and the Ripper Crimes), qui l’accusait, cette fois directement, des crimes.
Sickert a été replacé sur le devant de la scène par la romancière Patricia Cornwell en 2002. Elle affirme que Jack l’Éventreur était WALTer Sickert. Ses peintures représenteraient les meurtres de l’Éventreur. Sickert, impotent, aurait détesté les femmes. Il aurait envoyé des lettres à la police se vantant des meurtres.
Les officiers ayant enquêtés sur les meurtres de l’Éventreur avaient chacun leur avis sur l’identité de l’assassin. Il est donc difficile de se faire une opinion et la tache est ardue pour les chercheurs qui doivent aujourd’hui trouver de nouvelles preuves plutôt que dénicher celles qui ont été perdues. En effet, d’innombrables preuves ont disparu. Quasiment tous les dossiers la City of London Police ont brûlé durant le Blitz de la Seconde Guerre Mondiale.
Certains auteurs ont affirmé que les dossiers avaient été volontairement détruit afin de garder secrète l’identité du meurtrier… Mais la vérité est plus prosaïque. Dès le début de l’affaire, des objets, des rapports, des lettres, des dossiers ont été "empruntés" comme souvenirs. Au début du 20ème siècle, lorsqu’il n’y avait plus de place, les secrétaires jetaient les dossiers les plus anciens, sans se soucier de leur contenu. Lorsqu’Abberline a été interviewé en 1903, le journaliste a réalisé que l’ex-Inspecteur était entouré de dossiers officiels, qu’il avait tout simplement emmené avec lui lorsqu’il avait prit sa retraite. Il n’a sûrement pas été le seul. Beaucoup de "ripperologues" ont eux-mêmes volés des souvenirs et l’on sait qu’un certain nombre de documents ont disparus entre la fin des années 1970 et le début des années 1980. C’est pour cette raison que les documents restant ont été copiés sur microfilm.
De nos jours, Jack l’Éventreur serait un tueur en série comme les autres et sans doute pas le plus célèbre. Il n’a tué "que" cinq femmes, des prostituées, dans un quartier immonde fourmillant de criminels. Peu de gens seraient choqués par ces meurtres, alors que les crimes de Bundy, Alègre ou Guy Georges (de belles jeunes femmes), de Gacy ou Dutroux (des enfants et des adolescent(e)s) ont provoqué scandales et opprobres. Les assassinats de prostituées passent très souvent inaperçus et n’inquiètent pas grand monde… excepté leur famille. C’était le cas en 1888, c’est malheureusement toujours le cas à notre époque.
Et pourtant, plus d’un siècle plus tard, des centaines de livres ont été écrits et des dizaines de films ont été tournés sur les crimes de Jack l’Éventreur. Sa célébrité, sa "popularité" n’ont jamais diminué depuis l’époque Victorienne.
Cela est du à plusieurs raisons. Il n’était pas « le » premier tueur en série de l’histoire mais il a sûrement été le premier à apparaître dans une grande métropole où la population (même miséreuse) savait lire et où la presse était une force de changement social.
L’Éventreur est apparu à un moment où existaient de grands troubles politiques. Il servit de catalyseur. La presse critiqua ouvertement la police. Les libéraux et les réformateurs, tout comme les partisans de l’indépendance de l’Irlande, utilisèrent ces crimes à des fins politiques, pour désapprouver le gouvernement en place... et la monarchie
Le Pall Mall Gazette, un quotidien populaire, était dirigé par William Stead, un radical qui mena une violente campagne contre
la Metropolitan Police. Le Star, autre journal radical, était dirigé par O'Connor, un parlementaire nationaliste irlandais, qui critiquait
lui aussi la Metropolitan Police. A l'époque, la monarchie britannique luttait contre les Fenians, des terroristes révolutionnaires
irlandais, branche armée des républicains irlandais. Le Star accusait la police de trop s'occuper d'actions politiques et de négliger
la sécurité intérieure.
Des quotidiens libéraux, tels que le Evening News et le Morning Chronicles, se joignirent bientôt aux attaques des journaux radicaux pour critiquer la police et le gouvernement conservateur. La concurrence entre journaux et les prises de positions politique provoquèrent une surenchère, des rumeurs furent créées et des journaux comme le Illustrated Police News fournirent des informations erronées ou déformées. Le Times lui-même fit paraître un article fortement antisémite accusant le tueur d'être un Juif suivant les préceptes du Talmud... |
|
Jack l’Éventreur était un tueur “classique” en cela qu’il s’attaquait aux victimes "traditionnelles" des tueurs en série : les prostituées.
Il lui était simple de trouver des victimes, des femmes pauvres obligées de se prostituer et prêtes à suivre un client s’il n’avait pas "une trop mauvaise tête".
Les meurtres ont eu lieu la nuit, sauf celui d'Annie Chapman (au lever du jour) et, à l’exception de celui de Mary Kelly, se sont déroulés dans les rues de l’East End.
D'après les témoignages, les victimes de l'Éventreur étaient saoules au moment où il les agressait, ce qui pourrait expliquer qu'il parvenait à les prendre par surprise et qu'elles ne criaient pas.
L’assassin et sa victime étaient face à face dans la rue, car les prostituées de l’East End accomplissaient leur "travail" directement dans la rue, debout, un peu à l’écart.
L’Eventreur se jetait alors sur elle et l’étranglait jusqu’à l’inconscience ou la mort. Les autopsies ont toujours montré des indications claires que les victimes avaient été étranglées, puis seulement, égorgées. Certains auteurs ont pensé que l’Éventreur égorgeait ses victimes de derrière, par surprise ou non, et qu’ainsi il évitait d’être aspergé de sang.
L’Eventreur allongeait ensuite sa victime sur le sol. Il semble qu’il ne les laissait pas tomber et ne les projetait pas à terre, car aucune des victimes n’a eu d’hématome derrière la tête.
Des taches et des éclaboussures montrent que le sang formait une flaque sous le cou et la tête de la victime, plutôt que devant, où le sang aurait jailli si elle avait été égorgée debout.
Toutes les victimes ont été tuées sur place et aucune n’a été déplacée, et surtout pas dans un fiacre. Les rues de Whitechapel étaient pour la plupart trop étroites pour y faire passer un fiacre.
Pour l’une des victimes, du sang a été découvert sur une barrière, à une trentaine de centimètres du sol, à l’opposé de la blessure du cou. Cela pourrait montrer que le sang avait giclé du cou alors que la victime était sur le ventre. Cette méthode aurait évité au tueur d’être éclaboussé de sang. De toutes façons, si la victime était déjà morte lorsque l’Éventreur l’égorgeait, le sang n’aurait quasiment pas jailli car le cœur, arrêté, ne "pressurisait" plus le sang.
L’Éventreur opérait ensuite ses mutilations. Plusieurs fois, les jambes ont été pliées pour offrir un meilleur accès vers le ventre de la victime. Il ne semble pas que les victimes aient jamais été violées et l’Éventreur ne s’est pas masturbé sur elles.
Il prélevait généralement une partie des viscères de sa victime, un "trophée", une pratique courante chez les tueurs en série.
Ses victimes vivaient toutes dans le même quartier, Whitechapel, que le tueur semblait connaître comme sa poche. Après le meurtre de Catharine Eddowes, dans Mitre Square, l'alerte fut donnée rapidement par la police mais le meurtrier parvint à s'enfuir dans un labyrinthe de ruelles, de cours et d'impasses, qui plus est dans l'obscurité.
Les avis des médecins et chirurgiens qui ont examiné les corps des victimes sont contradictoires en ce qui concerne le degré de connaissance anatomique et / ou chirurgicales de
l'Éventreur. Certains pensaient qu'il était un expert, d'autres qu'il savait juste manier un couteau avec habilité, et d'autres enfin qu'il mutilait sans discernement.
Le Docteur Bagster Phillips a soutenu que l'Éventreur était un expert en anatomie. Le Docteur Thomas Bond a affirmé que
l'Éventreur n'avait aucune connaissances particulières.
Il est difficile, de nos jours, de savoir qui des deux médecins avaient raison. Les photographies des victimes font plus penser à des mutilations sauvages qu'à des prélèvements habiles. Toutefois, il est possible, par exemple, que
l'Éventreur ait fait preuve de doigté pour extraire un utérus puis ait brutalement poignardé sa victime... La question reste posée
L'Éventreur s’en prenait sûrement aux prostituées car elles étaient des victimes "faciles" et non pas parce qu’il voulait mener une croisade contre le vice.
Il est plus que probable que l'Éventreur ait agressé d'autres femmes avant ses cinq victimes "officielles". La presse de l'époque avait fait état de plusieurs agressions, par un homme seul et sans mobile apparent, en 1887 et 1888. Il est tout à fait possible que
l'Éventreur soit également l'assassin de Martha Tabram, en août 1888 : elle n'a pas été égorgée mais a été poignardé aux seins, au ventre et au bas-ventre.
Les mutilations au bas ventre, le prélèvement de l'utérus, les coups de couteau à la poitrine : toutes ces violences indiquent un acte violent dirigé vers (contre) les symboles du corps féminin. Le couteau enfoncé dans les chairs peut être considéré comme le substitut du pénis enfoncé dans le corps de la victime.
L'Éventreur étranglait ses victimes. C'est une manière de tuer fort répandue (et appréciée) chez les meurtriers sexuels à tendances sadiques, car elle leur permet d'être très proche de leurs victimes et a une forte connotation érotique. Certains ne ressentent même pas l'envie de violer leur victime, le fait de les étrangler suffit à leur procurer un plaisir sexuel.
Il semble que l'Éventreur était un tueur "mixte", à la fois "organisé" et "inorganisé" (comme l'était Ed Kemper) : il prenait soin de se vêtir correctement pour inspirer confiance, approchait ses victimes tranquillement à la manière d'un client potentiel, les emmenaient dans un coin sombre... Et d'un seul coup, lorsqu'il passait à l'acte et se jetait sur elle, la sauvagerie prenait le dessus et il était pris d'une frénésie de sang et de mutilations.
La nature et l'importance des mutilations ont augmenté à chaque meurtre, pour aboutir à la boucherie de Miller's Court. Il semble impossible que
l'Éventreur ait tout simplement cessé de tuer. Il a du être arrêté pour un autre crime ou a eu un accident ou, plus probablement, sa santé mentale s'est détérioré et il a été institutionnalisé